Comment protéger son conjoint

October 27, 2025

Comment protéger son conjoint

Organiser la transmission de son patrimoine, c’est aussi protéger la personne qui partage sa vie. La loi offre déjà au conjoint marié un cadre sécurisant, mais il existe plusieurs moyens d’aller plus loin pour renforcer cette protection.

Contrairement au PACS ou au concubinage, le régime juridique du mariage crée un lien automatique d’héritage entre époux.

La loi prévoit en effet pour le conjoint survivant sur le patrimoine du défunt : un quart du patrimoine en pleine propriété, ou la totalité en usufruit (en présence uniquement d’enfants tous issus de leur union).
Ce choix, laissé au seul conjoint survivant, permet dans la grande majorité des situations de famille d’assurer une sécurité de transmission et de vie pour le conjoint survivant.
Fiscalement, les biens reçus par le conjoint survivant sont en totalité exonérés de droits de succession.

En présence d’enfants, la loi préserve leurs intérêts par l’existence de la réserve héréditaire.
Elle représente une quote-part du patrimoine du défunt devant leur revenir a minima (1 enfant : ½ du patrimoine / 2 enfants : ⅔ du patrimoine / 3 enfants et plus : ¾ du patrimoine).
Le surplus disponible, appelé quotité disponible, permet l’application des droits prévus au conjoint survivant.

Comment protéger davantage son conjoint

Il est possible d’améliorer ou d’organiser plus précisément les droits et biens devant revenir au conjoint survivant.
Plusieurs outils sont prévus par la loi.

Avantager par contrat de mariage

Par contrat de mariage ou changement de régime matrimonial, les époux peuvent prévoir d’avantager le conjoint survivant.
Plusieurs types de clauses sont pratiqués.

Ces avantages matrimoniaux sont possibles dans un régime de communauté, mais également de séparation de biens avec société d’acquêts.
Ils permettent, par exemple, à l’époux(se) survivant avant tout partage et règlement de succession de prélever des biens déterminés ou une quote-part de patrimoine commun.

Des limites existent cependant qu’il convient de connaître en matière fiscale, mais également en cas de divorce et d’enfants d’unions différentes.

Avantager par donation ou testament

De son vivant, la donation de biens à son époux(se) est possible.
Elle s’entend alors de la donation d’un bien existant (somme d’argent, immeuble, quote-part d’un domicile, etc.) dont la propriété est transférée au jour de la donation.
Dans ce cadre, l’avantage retiré est immédiat mais également irrévocable.
Il convient d’en mesurer la portée puisqu’en cas de divorce ultérieur, elle ne pourra être remise en question.

Pour organiser la transmission à son décès, il existe la donation entre époux (appelée aussi donation au dernier vivant).
Elle se distingue de la donation de son vivant, énoncée ci-dessus, par le fait qu’elle a vocation à s’appliquer au décès du premier époux sur le patrimoine existant à cette date.
Elle est révocable jusqu’au décès, au même titre qu’un testament.

Que cette organisation résulte d’une donation entre époux ou d’un testament, elle permet d’augmenter les droits du conjoint survivant en cas de décès et de lui laisser le choix :
– sur la nature des droits qu’il aura (usufruit et/ou pleine propriété),
– et sur la partie des biens qu’il souhaite effectivement avoir.

Une vraie latitude est ainsi laissée au survivant.
En présence d’enfants, le conjoint pourra recouvrer au maximum la quotité disponible et l’usufruit de la réserve héréditaire, sauf accord contraire des enfants.

Cependant, en présence d’une famille recomposée, il y aura lieu d’encadrer le choix laissé au conjoint survivant pour éviter tous conflits ultérieurs.
À noter que ce type d’organisation peut s’avérer très utile, voire indispensable, pour les patrimoines soumis à l’IFI.

Gratifier son conjoint par l’assurance-vie

La souscription d’un contrat d’assurance-vie dont le bénéficiaire est le conjoint survivant permet également d’améliorer la part lui revenant au décès, indépendamment de ses droits dans le règlement de la succession, et sous réserve que les versements ne soient pas manifestement exagérés par rapport au patrimoine total.

Une rédaction minutieuse de la clause bénéficiaire permettra d’organiser la répartition entre le conjoint survivant et les éventuels enfants, qui pourra s’établir également par testament.

Ces outils peuvent être cumulés ou utilisés séparément, afin de s’adapter précisément à votre situation familiale.
N’hésitez pas à consulter votre notaire !

Antoine Exertier, notaire

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avec les notaires du Dauphiné